Si le départ de la 12ème Route du Rhum hier après-midi entre Pointe du Grouin et le cap Fréhel a émerveillé tous les observateurs, éblouis par le spectacle rare d’une incroyable flotte de 138 bateaux en course, il n’a en revanche guère réservé de surprise sur le plan sportif, tant les protagonistes attendus se sont montrés ponctuels au rendez-vous. Face à un vent irrégulier en force, entre 15 et 17 noeuds de secteur Ouest, la flotte a comme prévu dû tirer des bords pour franchir la porte mouillée sous les falaises de Fréhel, et à chaque bord un peu plus débridé, les grands trimarans de la classe Ultime dotés de plans porteurs, ont pu échapper à la poussée d’Archimède et voler au dessus du fort clapôt de la Manche. La hiérarchie de la Classe est ainsi apparue dans toute son évidence, avec un Maxi Edmond de Rothschild (Charles Caudrelier) tout à son affaire, premier à franchir la marque de Fréhel, suivi de François Gabard (SVR Lazartigue), Armel Le cLéac’h (Banque Populaire) et Thomas Coville (Sodebo). Le manque à virer de ce dernier à la bouée permettait à Francis Joyon de s’intercaler un moment, avant le grand bal de virements de bord au plus près des côtes Bretonnes de la nuit. Les Ultimes ont su s’extirper sans encombre des courants, casiers et trafic de la Bretagne Nord pour plonger avec un bel ensemble à l’intérieur du DST d’Ouessant (Dispositif de Séparation de Trafic). La route « Sud » fait l’unanimité chez nombre de skippers toutes classes confondues et le jeu au menu de la journée va consister à traverser le Golfe de Gascogne en profitant d’un vent qui se renforce au secteur Sud. Travers au vent, aux allures dites de « reaching », les géants vont allonger la foulée dans une course contre la montre et l’évolution du front actif en travers de leur route. Derrière ce front existe encore un mince filet d’air orienté Nord Ouest que les navigateurs adoreraient pouvoir emprunter pour glisser vers les Açores et, au delà, rejoindre l’autoroute des alizés. Francis et son maxi trimaran IDEC SPORT poursuivent cette même ambition mais dans des conditions qui pour l’heure favorisent les trimarans « volants ». Ils demeurent certes à distance dans le même tempo que les leaders, et attendent leur heure quand la mer et le vent fort se conjugueront pour freiner les ardeurs des foilers….
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