Francis Joyon renouera demain dimanche à 19 heures, à l’occasion du départ de cette unique et originale course transatlantique, The Bridge 2017, avec la course au large non plus contre le chronomètre, mais face à trois adversaires redoutablement réels, les maxi trimarans Macif, Actual et Sodebo, et non pas en solitaire, mais en équipage. The Bridge 2017, transat de 3 150 milles entre Saint-Nazaire et New-York City, célèbre de spectaculaire manière l’arrivée en France des premiers « doughboys », ces soldats de l’Oncle Sam venus prêter main forte à la Triple Entente face aux empires Allemands et Austro-Hongrois en 1917. Une transmission historique que Francis pratique aussi, à son échelle, dans la composition de ses équipages. Francis le Solitaire, a su, pour triompher autour du Monde, mélanger les éclectismes et fusionner les générations. L’équipage choisi pour The Bridge, dans la continuité du Trophée Jules Verne, s’inscrit dans la même logique et le même désir du skipper Trinitain de tendre la main aux nouvelles générations et aux talents émergents.
De Gwénolé Gahinet à Quentin Ponroy
« Je me souviens de mon arrivée à bord d‘IDEC SPORT voici deux ans » raconte Gwénolé Gahinet, alors benjamin d’un équipage de dévoreurs d’océans. « Je m’étais mis beaucoup de pression, et j’imagine que Quentin (Ponroy) ressent aujourd’hui les mêmes sentiments. » Bernard Stamm retenu par le Tour de France à la voile, Francis, fidèle à son instinct, a porté son dévolu sur un jeune spécialiste de la voile légère, maître voilier de son état, et repéré sur les pontons. Quentin Ponroy, 30 ans, vainqueur de la boucle hexagonale vélique en Diam24, Ministe émérite, se retrouve de but en blanc plongé dans l’environnement souvent improbable du Team Joyon. « Francis m’offre une chance inouïe. On se connait depuis 7 ou 8 ans puisque je suis intervenu sur les voiles de l’ancien IDEC » résume Quentin. « Je vais essayer d’apporter ma double compétence, celle de voilier et celle de régatier. Francis aime vérifier sur l’eau et en course la conformité du travail réalisé en bureau d’études, sur les formes mais aussi sur les utilisations des voiles. Il veut toujours comprendre un peu plus l’efficacité de telle ou telle voile, dans des situations maniables ou « sauvages », quand les conditions nous contraignent à tenir une voile hors de son rang d’utilisation initiale. Je serai aussi très vigilant aux réglages, en apportant parfois quelques astuces… »
« J’ai déjà navigué avec Quentin, en Mini » raconte Gwéno, désormais aguerri par deux Trophées Jules Verne. « Je suis comme lui toujours étonné de l’ambiance extraordinairement humaine et chaleureuse qui règne à bord d‘IDEC SPORT. Des grandes pointures de la voile océanique comme Alex (Pella), et précédemment Boris Herrmann et Bernard Stamm se sont spontanément montrés ouverts, généreux, disponibles. IDEC SPORT est un bateau convivial, où l’on se trouve tout de suite à l’aise. L’arrivée de Sébastien Picault, venu suppléer Clément Surtel, n’a assurément en rien diminué l’ambiance fraternelle du bord. On va bien rigoler! »
Convivialité et performance
Cette ambiance bon enfant, ainsi que l’extraordinaire performance de l’hiver dernier en a attesté, ne nuit en rien à la quête du résultat ; « Nous sommes des compétiteurs » affirment en coeur Gwéno et Quentin. « Partir en course avec trois des plus rapides multicoques de compétition au monde est un challenge terriblement excitant. » « Je suis un pur régatier » souligne Quentin. « Dès la phase de départ, nous allons nous prendre au jeu. » et Gwéno de rappeler : « La régate planétaire face au maxi-trimaran Spindrift lors de notre tentative de 2016 contre le Trophée Jules Verne avait été particulièrement enthousiasmante ; chaque fois que nous croisions sa route, il y avait de la passion chez chaque membre de notre équipage. » Face à des voiliers plus récents, souvent plus sophistiqués avec notamment des mâts basculants et pour certains, des plans porteurs, IDEC SPORT part sans complexe, confiant en sa capacité à performer lors de certaines phases météos spécifiques. « Le bateau est typé pour le portant dans la brise » expliquait Francis, « des conditions que nous n’aurons qu’avec parcimonie entre Europe et continent américain en cette saison. Mais il n’est pas le moins bon aux allures proches du vent, et y compris dans les petits airs. Il va y avoir beaucoup de situations stratégiques intéressantes, avec des passages de fronts. On va s’éclater!»
Et Gwéno et Quentin d’ajouter : « Nous partons sans pression, avec pour seul objectif, d’arriver à New-York après avoir navigué propre, simple, et en ayant pris un maximum de plaisir. »
Dernière minute :
Sébastien Audigane, membre du Team IDEC SPORT détenteur du Trophée Jules Verne, doit, pour raisons personnelles, et la mort dans l’âme, renoncer à The Bridge 2017. Il ne sera pas remplacé, et c’est donc avec un équipage réduit à 5 hommes qu’IDEC SPORT prendra demain le départ devant Saint-Nazaire.