Marcel van Triest est un navigateur internationalement reconnu, pour ses performances autour du monde et sur tous les plans d’eau de la planète voile, à bord de tous types d’embarcation, et pour son expertise en tant que routeur météo. Il est depuis deux ans, le septième homme du Team IDEC SPORT, depuis la terre, et loin de la fureur d’un maxi multicoque lancé à toute allure sur les plus redoutables mers du globe, se donne tout le temps de l’analyse et de la réflexion quant aux choix des routes les plus efficaces à suivre lors des conquêtes des grands records à la voile. Par nécessité et par tempérament, Marcel le Néerlandais expatrié aux Baléares, voit loin, très loin, au delà des développements les plus immédiats et les plus évidents des schémas météo à court terme. Sa mission : découvrir parmi l’invraisemblable imbroglio des possibles évolutions des grands mouvements des masses d’air que l’on appelle prévisions météo, non seulement la route la plus rapide et la plus efficace compte tenu des capacités des hommes et du bateau, mais surtout, de s’assurer de l’enchainement le plus fluide possible entre les systèmes avalés par une machine aussi performante que le Maxi trimaran IDEC SPORT. Un exercice de patience, de sang froid, et de confiance…
Coordination des systèmes
Marcel van Triest naviguait la semaine dernière à bord du Maxi Trimaran IDEC SPORT, en compagnie de l’équipage réuni par Francis Joyon et auquel seul l’Allemand Boris Hermann manquait momentanément à l’appel. Les objectifs étaient nombreux, au delà du plaisir de redécouvrir le bateau et l’équipage. « Il est important que Francis et chaque membre d’équipage maitrisent les mêmes outils de recherche et d’analyse météo que ceux que j’utilise depuis la terre. » explique le grand Marcel. « D’ici au stand-by qui débutera officiellement le 20 octobre prochain, il nous faut finaliser mille et un détails techniques pour s’assurer que tous les systèmes d’acquisition informatiques fonctionnent, et sont conformes à ceux que j’utilise depuis la terre. Avec l’aide des multi compétences de l’équipage, je m’assure ainsi de la fiabilisation des systèmes embarqués. » Marcel van Triest a aussi pu assister au minutieux et indispensable travail de réglage du bateau récemment mis à l’eau. « IDEC SPORT partira avec de nouvelles voiles dont il convient de connaitre au préalable les bons réglages, quelles que soient les allures. » poursuit Marcel. « J’ai trouvé l’ambiance toujours aussi studieuse et décontractée. La somme d’expérience de cet équipage est phénoménale… »
Fenêtre, chère fenêtre…
Marcel va tranquillement, à compter de la date officielle du stand by fixée au 20 octobre prochain, entrer dans la délicate phase d’élaboration des scenarii météos susceptibles de déclencher le départ pour cette nouvelle tentative de Francis Joyon et de ses hommes contre le record du Trophée Jules Verne. « Nous avons beaucoup débriefé entre nous suite à notre tentative de l’an passé » précise Marcel. « Notre décision de partir le 22 novembre 2015 nous garantissait un temps « canon » à l’équateur » se souvient-il. « Nous étions quelque peu aiguillonnés à l’époque par la présence sur cette même tentative du maxi-trimaran Spindrift, et grande était l’impatience de l’équipage d’en découdre. Francis est toujours beaucoup plus pressé que moi de partir. C’est lui qui décide, après échanges avec l’équipage et moi-même. J’aime regarder le plus loin possible, et cette année, j’essaie de prévoir notre parcours jusqu’au Cap, en Afrique du Sud. Il ne sert à rien de signer un temps extraordinaire à l’équateur si on rate les « autoroutes » de l’Atlantique sud! » Le mot clé est lâché : « connection! » « L’idée est d’enchainer sans rupture trop brutale les systèmes météo. C’est là le secret de la réussite, et la difficulté majeure de l’exercice. Il faut « dégolfer » vite et sans stress, car cette traversée du Golfe de Gascogne est l’entrée en matière, parfois musclée d’un Tour du Monde, quand les organismes ne sont pas totalement amarinés, et quand l’état de la mer peut d’entrée de jeu malmener le bateau. Mais il faut aussi attraper sans transition les alizés Portugais puis Canariens. Ces schémas sont connus et se mettent en place relativement souvent en automne. Il est beaucoup plus compliqué de faire le lien avec les systèmes d’Atlantique Sud. »
Tout l’équipage d’IDEC SPORT poursuit au quotidien la minutieuse préparation à cette grande aventure planétaire. Les échanges téléphoniques entre Marcel van Triest et tous les hommes du bord vont se multiplier, avec quelques visio-conférences à la clé. « Les échanges deviendront de plus en plus intensifs à l’approche d’une possible échéance » souligne Marcel. « Une fois en course, je privilégierai l’écrit et les mails, afin qu’aucun détail ne se perde dans une toujours aléatoire conversation par téléphone satellite. »