Tandis que le Liner Queen Mary2, insensible aux gesticulations des masses d’air en Atlantique, trace imperturbablement son sillon à plus de 25 noeuds en ligne directe vers New York, les quatre trimarans « Ultime » engagés dans The Bridge 2017 abordent les 3 150 milles de course vers le continent américain par la face Nord. Dès la sortie de l’estuaire de la Loire hier soir, les routes suivies au plus près du littoral breton ne laissaient aucun doute sur l’option septentrionale retenue par les navigateurs pour rejoindre la Grosse Pomme. Aux aléas d’une longue route au sud à la recherche d’alizés souvent fainéants en cette saison, les Joyon, Coville (Sodebo), Gabard (Macif) et autre Le Blévec (Actual), ont opté pour une trajectoire certes plus courte, vers l’Irlande et Terre-Neuve, et cependant semée d’embûches météos dont la répétition va donner à l’épreuve une saveur très particulière. A la traversée ce jour d’un talweg, zone tampon entre deux systèmes distincts, marquée par de très faibles flux de secteur sud ouest, va succéder l’entrée brutale dans un phénomène dépressionnaire en développement dans le sud ouest de l’Irlande. A cette accélération se substituera une nouvelle séquence de transition, prélude à une autre dépression que la présence d’une zone interdite pour cause de glaces rendra encore plus compliquée à négocier.
« Cette Transat s’annonce très compliquée » résume Marcel van Triest, conseiller météo de Francis Joyon lors du triomphal Trophée Jules Verne de l’hiver dernier. « L’option d’une route au sud a été soumise à l’équipage, qui ne l’a pas retenue, car trop longue et trop aléatoire. Ce sera donc une transat majoritairement aux allures proches du vent qui s’ouvre aux concurrents. Les trimarans vont connaitre toutes les allures, du près au vent de travers et même quelques phases de portant. Il va falloir choisir les routes avec une extrême minutie, car l’arrivée sur New York est rendue encore plus ardue par la vaste zone d’interdiction des glaces qui s’étend au large de Terre-Neuve. Combinée avec la présence du Golfe Stream, cette difficulté va de toute évidence jouer un rôle très important dans l’issue de la course. »
Les équipages, emmenés ce matin par Macif, suivi comme son ombre par IDEC SPORT, rêvent pour l’heure de toucher les vents de secteur sud ouest annonciateurs de la dépression Irlandaise. L’accélération pourrait être brutale, et permettre aux géants d’allonger sérieusement et pour quelques heures la foulée, pour rivaliser enfin avec l’immense paquebot échappé dans leur sud.
Francis Joyon, Guénolé Gahinet, Sébastien Picault, Alex Pella et Quentin Ponroy tiennent en ces premières heures de course leur rang, face à la légèreté et aux innovations de Macif, maxi trimaran dernier cri. Ils s’accommodent remarquablement des petits airs pour lesquels leur plan VP-LP lancé en 2006 n’est pas vraiment fait, et attendent avec impatience la grande confrontation dans les régimes de vent et de mer soutenus, typiques de l’Atlantique Nord.
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