Francis Joyon et les 5 hommes d’équipage du Maxi trimaran IDEC SPORT ont franchi aujourd’hui samedi à 12 heures 17 minutes (heure française), la longitude du cap des Aiguilles en Afrique du Sud, qui marque traditionnellement la fin de l’Atlantique sud et l’entrée dans l’Océan Indien. Leur temps de course depuis le départ de Brest, certes éloigné du chrono référence établi en 2011 par Banque Populaire V, autorise tous les espoirs dans cette tentative de record du Trophée Jules Verne. « On a grillé un joker » admet Francis. Le détenteur du record du tour du monde en solitaire est bien placé pour savoir que le tour de la planète recèle mille et une difficultés, comme autant de potentiels retournements de situation.
« Nous n’avons pas pu demeurer à l’avant du front qui nous aurait permis de passer Bonne Espérance sur un seul bord et dans un temps proche du record » analyse Bernard Stamm à la sortie d’un Atlantique Sud peu coopératif pour IDEC SPORT et son équipage. « Ce front avançait très très vite, plus de 30 noeuds, et nous n’étions pas armés pour conserver l’angle au vent le plus favorable. On a dû empanner, et ainsi se faire dépasser par le régime de vent favorable ». IDEC SPORT traine depuis, comme le sparadrap du capitaine Haddock, une situation peu propice aux grandes vitesses, dans l’attente d’être rejoint par un nouveau régime dépressionnaire en circulation vers l’est, mais qui peine à dépasser les 20 noeuds et condamne depuis deux jours le maxi trimaran à de trop faibles vitesses. « Il y a comme un mur qui avance derrière nous mais qui ne parvient pas à nous rejoindre » explique Francis. « Notre vitesse oscille ainsi entre 15 et 25 noeuds, insuffisant pour demeurer sur un rythme de record. On en profite pour gagner dans le sud, sur une trajectoire plus courte, dans l’attente, à la mi-journée, de vents de secteur nord plus soutenus. » IDEC SPORT bénéficiera alors d’un angle au vent propice aux hautes vitesses. Une dépression tropicale enfle au sud de Madagascar. Les hommes d’IDEC SPORT et leur routeur à terre Marcel van Triest la surveillent. Elle va conditionner une route très sud pour traverser l’Océan Indien car elle générera en son sud de forts vents contraires absolument désastreux pour la bonne marche du trimaran dans son sprint vers l’est.
La tournée de Boris Herrmann
« On navigue dans une brume épaisse qui ne nous lâche pas » s’amuse Bernard Stamm. « On ne voyait pas plus d’une longueur à l’avant du bateau ce matin encore. La température extérieure oscille énormément. Il faisait presque doux hier, et très froid ce matin. On rajoute ou on enlève des couches en fonction. » Petite récréation unanimement appréciée ce matin, les quelques gorgées de whisky offertes par Boris Herrmann pour fêter le passage à Bonne Espérance. « A l’heure du petit déjeuner, c’était un peu violent » raconte Francis. « Pour des organismes sevrés d’alcool, cela nous a mis en forme pour la journée… » On le voit, l’ambiance est au beau fixe à bord du trimaran géant qui poursuit sa descente dans les profondeurs désertiques du grand sud. « Quelques oiseaux émergent ici et là du brouillard pour nous saluer. L’eau est à 3 degrés. L’observation satellite des glaces ne révèle pour l’heure rien d’alarmant. »
IDEC SPORT a franchi la longitude du cap de Bonne Espérance ce samedi matin 5 décembre à 08 heures 14 minutes. Il a paré le cap des Aiguilles, marque d’entrée dan l’Océan Indien à 12 heures 17 minutes, pour un temps total depuis le départ de 13 jours, 09 heures et 14 minutes.