Huit jours après leur départ de l’île Maurice, Francis Joyon, Christophe Houdet, Bertrand Delesne, Antoine Blouet et Corentin Joyon ont atteint le détroit La Sonde, porte d’entrée vers le détroit de Karimata, cet espace maritime entre Mer de Java et Mer de Chine, aux confins des îles de Sumatra, Java et Bornéo. Un temps plus qu’honorable pour parcourir les 2 900 milles théoriques et en ligne directe depuis Port Louis. Il aura en réalité fallu au maxi trimaran IDEC SPORT parcourir plus de 4 200 milles sur le fonds, en réalisant une jolie parabole vers le sud de l’océan Indien afin d’éviter d’avoir à négocier les alizés au près, susceptibles de secouer hommes et matériels, et de faire inutilement souffrir le bateau. Francis et ses hommes ont ainsi privilégié la vitesse à la ligne directe, plus de 22 noeuds de moyenne sur cette longue route qui leur a fait tutoyer les 37 degrés de latitude Sud. Une nouvelle aventure a débuté ce matin avec les premières terres indonésiennes dont la vue a coïncidé avec la disparition totale du vent et l’arrivée d’un fort courant contraire qui a fait dériver le trimaran géant jusqu’au volcan Krakatoa, dont la spectaculaire irruption l’an passé avait défrayé les chroniques.
Comme des chiffonniers !
« On se bagarre comme des chiffonniers dans la pétole et face à un courant contraire de deux à trois noeuds, dans une chaleur épouvantable » décrit Francis. La carte postale d’arrivée sous les îles aux noms enchanteurs de Java et de Sumatra est ce matin très éloignée des clichés attendus avec tant d’impatience par l’équipage du maxi trimaran IDEC SPORT. « Le rivage est noyé dans une brume dont on se demande s’il ne s’agit pas en vérité de fumée des nombreux incendies de forêt qui ravagent la région » s’interroge Francis. « Nous avons tous vécu avec émotion l’arrivée sur les premières terres, après 8 jours de navigation tonique dans l’alizé. Mais avec la disparition aussi complète que subite du vent, nous nous sommes trouvés à dériver face aux courants. Nous multiplions les empannages sous gennaker dans deux noeuds de vent, manoeuvrant toutes les cinq minutes. Tout l’équipage est sur le pont et la fatigue se fait sentir. Ceux qui ont tenté la petite sieste y ont renoncé tant la chaleur moite est intense. Nous espérons, avec notre entrée en mer de Java, toucher un peu d’air. La nuit tombe et il nous faut redoubler d’attention. Nous nous sommes approchés tout à l’heure à moins de 30 mètres d’une côte escarpée avec quelques cailloux affleurants. »
Le 3 décembre à Ho Chi Minh Ville !
IDEC SPORT aborde ainsi dans la difficulté la dernière marche de son périple, cette traversée de la mer de Chine méridionale en direction du Vietnam. Aux vents faibles de l’Indonésie devraient succéder de forts flux de Nord Est alimentés par le cyclone Kamuri, qui devrait propulser devant les étraves d’IDEC SPORT des rafales à plus de 40 noeuds. Les 900 et quelques derniers milles s’annoncent sportifs, au près, dans des vents puissants. « Si cette brume voulait bien se lever, nous pourrions enfin profiter de la magie de l’endroit » soupire Francis qui envisage une arrivée sur Ho Chi Minh Ville le 3 décembre au matin heure française.