Après un bord de recadrage qui a duré un peu plus de cinq heures cette nuit, les hommes de Francis Joyon font de nouveau route directe vers Ouessant. Il leur reste 2000 milles à parcourir pour rentrer à la maison. Dans des conditions très musclées.
IDEC SPORT a empanné deux fois ces dernières heures. La première vers 1h du matin heure française et la seconde il y a quelques minutes, à 6h40. Cette nuit, ils ont ainsi parcouru 120 milles vers le nord-ouest avant de pouvoir de nouveau mettre le cap vers Ouessant. Cette ligne d’arrivée qui n’est plus qu’à 2000 milles des étraves du grand trimaran rouge.
Francis Joyon nous en dira plus sur la raison de ces deux manœuvres successives quand le jour sera levé au beau milieu de l’Atlantique (ce midi en France) et que nous tenterons de le joindre au téléphone satellite. Selon toute vraisemblance, il est fort probable que cette trajectoire corresponde simplement au suivi de la bordure anticyclonique. Explication : sur la droite du bateau, tout proche, l’anticyclone des Açores menace d’encalminer les marins qui seraient tentés de faire l’intérieur du virage, vers l’est. En revanche, sur sa gauche et devant lui, c’est du gros temps qui attend les six hommes d’IDEC SPORT.
Nouvelle accélération
Pendant les 2000 derniers milles qui restent à parcourir avant l’arrivée à Ouessant – prévue pour le moment vendredi dans la journée – les fichiers de vents annoncent 40 à 45 nœuds. Sachant qu’en réalité les rafales peuvent, dans ce cas, souffler jusqu’à 60 nœuds (110 km/h), il est aisé de comprendre que « le final risque d’être assez violent » comme en convenait Francis Joyon hier après-midi. Ce genre de dépressions entraînant la formation d’une mer forcément grosse, l’équipage d’IDEC SPORT devra redoubler de vigilance pour ses derniers jours de mer, au terme d’un tour du monde décidément riche en sensations fortes. Il y a déjà du vent sur zone (1000 milles dans l’ouest/sud-ouest de l’archipel des Açores), comme le montre une nouvelle accélération à plus de 30 nœuds ce matin. Mais ce n’est pas encore « la baston » comme disent les marins pour parler de la tempête. Le plus fort des trains de dépression sévit 200 milles plus au nord… vers lequel IDEC SPORT se dirige. Dès ce soir, il faudra trouver le bon compromis entre vitesse et sécurité. De toutes façons dit Francis Joyon, « si on veut rentrer vers la Bretagne, il n’y a pas d’autre choix qu’affronter ces conditions difficiles ».