Environ 800 milles dans l’ouest de l’archipel du Cap Vert, Francis Joyon a franchi ce lundi matin la barre symbolique des 2000 milles parcourus depuis son départ de Bordeaux, mardi dernier. Il est en train de terminer le contournement d’une dépression et peut enfin repartir vers le sud, c’est à dire sur une route désormais directe vers Rio de Janeiro.
« Jusqu’ici, au vu de la route très nord que j’ai suivi, cette Route de l’Amitié était un excellent entraînement pour La Route du Rhum ! Si je devais aller en Guadeloupe aujourd’hui, il ne me faudrait pas plus de trois jours. Je suis bien plus proche de Pointe-à-Pître que de Rio de Janeiro ! »
Francis Joyon est d’humeur à plaisanter ce midi, avec la bonne voix du marin qui sait qu’il vient de surmonter une nouvelle difficulté de taille. Tout le week-end, le pilote d’IDEC s’est en effet battu pour tricoter sa trajectoire au millimètre « sur le dos » d’une bulle dépressionnaire. Celle-ci l’obligeait à gagner dans l’ouest pour ne pas se faire croquer par les vents de face qui sévissent dans l’est de ce phénomène météo. A ce petit jeu, IDEC s’est retrouvé parfois 800 milles au large de la route directe théorique… soit près de 1500 kilomètres ! Voilà pourquoi, au beau milieu de l’Ocean Atlantique, Joyon parle d’entraînement pour la Route du Rhum et plaisante : « je décide tout de même d’aller à Rio maintenant, nous sommes d’accord, hein ? »
Comme prévu, IDEC a connu quelques heures difficiles, tôt ce lundi. Francis Joyon raconte : « je me suis retrouvé encalminé quelques heures. J’ai du faire beaucoup de manœuvres pour me sortir des ces calmes… Je me suis même énervé un peu (rires) ! Mais maintenant (à 11h30 heure française, ndr), je crois que j’en suis sorti. Je peux faire cap au sud à une vitesse relativement correcte, mais je me méfie car il y a des grains, le vent est encore très instable en force et en direction. Je dois être vigilant. »
Petits pépins techniques
Au sixième jour depuis le début de ce nouveau record entre Bordeaux et Rio au profit d’associations caritatives brésiliennes et de l’ICM (Institut du Cerveau et de la Moelle Epinière, lire nos articles précédents), Francis Joyon vient de franchir le cap des 2000 milles couverts depuis le départ. IDEC peut surtout faire enfin une route directe vers le Brésil. « Jusqu’à mercredi je pense naviguer encore dans des vents relativement modérés et irréguliers, mais ça devrait aller un peu mieux ensuite, jusqu’au Pot au noir ». L’équateur est encore à plus de 1000 milles des étraves d’IDEC, Rio de Janeiro à un peu moins de 2800 milles.
« J’ai un petit pépin technique aussi », ajoute Francis Joyon, « deux des six biellettes qui relaient les gouvernails de mes flotteurs au safran central sont abimées. J’ai du changer les biellettes valides de côté pour pouvoir empanner. Ce n’est pas dangereux car le safran central est prioritaire, mais cela nuit à la stabilité donc à la vitesse. Je vais trouver un moyen de les réparer car la manipulation me prend une heure environ, ce n’est pas très confortable. Mais pas d’inquiétude, je vais trouver une solution… »
En bref
A 12h30 heure française ce lundi 14 avril 2014, Francis Joyon à bord d’IDEC naviguait à 13,5 noeuds, cap au sud, par 20°08 Nord et 38°33 Ouest. Distance parcourue depuis le départ de Bordeaux : 2049 milles. Distance au but, Rio de Janeiro : 2763 milles.