Ciel bleu, avec de longues traînées de nuages alizéens, mer belle et un vent modéré de secteur Est à Sud Est apportent à Francis Joyon un très mérité bien-être nautique, suite à cinq longues journées à subir calmes et vents de face dans sa remontée de l’Atlantique Sud. Mais ces conditions « de rêve pour un marin », n’endorment ni la vigilance ni l’extraordinaire faim de performances du skipper d’IDEC. Bien qu’ayant perdu son « aiguillon » Coville après l’abandon de la tentative du trimaran Sodeb’O, Francis reste totalement motivé et concentré à réaliser la plus haute performance possible dans son Tour du Monde. « Je pense aux tentatives futures qui ne manqueront pas de s’élancer, et je veux placer la barre le plus haut possible… » souligne Joyon. L’homme et le bateau sont ainsi plus que jamais « à la bagarre », car glisser toutes toiles dehors au vent de travers suppose une attention de tous les instants. « Sous les nuages, le vent prend facilement 4 à 5 noeuds de puissance en plus. Il me faut alors réagir très vite pour maintenir le bateau à plat… »Avec plus de 21 000 milles dans son sillage, le géant IDEC est plus que jamais l’objet des attentions presque attendries de son skipper. « Je sens ici et là des traces d’usure tout à fait normales » raconte Francis. « Je continue de solliciter le bateau mais je surveille toute trace de fatigue du matériel. » Le petit safran bâbord du trimaran donne depuis hier un peu de fil à retordre à Francis qui a constaté que ce dernier semblait désolidarisé du safran principal ; « J’ai un petit soucis de parallélisme avec le petit safran bâbord qui ne suit plus le mouvement du safran principal » explique Joyon ; le palonnier ne me semble plus solidaire de l’ensemble du système de barre. C’est un peu gènant car à haute vitesse, il se met en travers et crée une perturbation. Mais il est situé en arrière de flotteur, à un endroit assez inaccessible qui complique une éventuelle intervention… »Et le marin s’inquiète-t’on? « J’ai bien récupéré de ces 5 jours de près, même la nuit dernière malgré les grains. » Seul le sentiment de solitude semble parfois toucher un marin que ni glaces ni tempêtes n’ont jusqu’à présent ébranlé ; « Je souffre moins de la solitude que lors de ma précédente tentative » avoue-t’il cependant. « Je crois que je m’y étais mieux préparé…la vitesse et les performances du bateau jouent aussi beaucoup » conclue- t’il à la veille d’écrire une nouvelle ligne statistique dans les grands livres des temps référence de son tour du monde. L’Equateur demain jeudi au milieu de son 48ème jour de course placerait IDEC en avance de 12 jours sur Ellen MacArthur …
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