C’est un événement en soi : Francis Joyon participera à La Route du Rhum – La Banque Postale, qui s’élancera de St Malo le 31 octobre prochain. Le marin le plus rapide autour de la planète en solo, (57 jours), va donc retrouver le sel de la course en flotte et ainsi pouvoir se mesurer aux autres skippers de grands multicoques : Franck Cammas, Thomas Coville, Sidney Gavignet pour ne citer qu’eux…Francis Joyon : « Je n’ai jamais perdu le goût de la course, même si ça me fait un peu drôle de revenir à tous ces règlements du milieu, après des années d’absolue liberté dans la quête des records… c’est un beau challenge » dit le skipper de Locmariaquer. Et évidemment, Francis Joyon ne partira pas pour faire de la figuration : « j’ai très envie de gagner, oui !, le bateau en a le potentiel. »IDEC passe aux foilsAprès plus de quatre mois de travaux au chantier Marsaudon Composites de Lorient, c’est un IDEC transformé qui a été mis à l’eau aujourd’hui. La plus spectaculaire des modifications est l’installation de foils, sous les coques latérales du maxi trimaran. Didactique, Francis explique : « globalement, le bateau ‘monte’ sur ces appendices, ce qui réduit le frottement et dans certaines conditions, le gain de vitesse est très important : 4 à 5 nœuds ». La poutre carbone qui forme l’âme du foil est faite par Lorima, et le foil lui-même est construit par le chantier AMCO de Thierry Fagnent – lui aussi à la Trinité-sur-Mer – ces foils sont l’arme nécessaire pour gagner en performance sur une course transatlantique… d’autant que la concurrence (Thomas Coville compris) ne s’est pas privée d’utiliser cette possibilité, héritée des trimarans Orma de 60 pieds.Beaucoup plus de toileMais ce n’est pas la seule modification apportée à IDEC. Côté voiles par exemple, Francis Joyon disposera cette fois d’un jeu flambant neuf et surtout… d’ « une grand voile agrandie de 30 mètres carrés, avec une corne de 5 mètres », précise le skipper d’IDEC. Et si le mât reste le même, de nombreuses pièces périphériques ont été changées sur cet espar : « nous avons par exemple changé toutes les cadènes, nous avons même dû les scier tant elles avaient travaillé sur le tour du monde … Nous avons réussi à gagner du poids dans les hauts, par exemple en changeant la matière des boutes, ce qui permet d’utiliser des sections plus fines, donc plus légères », explique Francis.Performance et fiabilitéLe système anti-chavirage a été très largement optimisé lui aussi, toutes les voiles étant largables (écoute, chariot, etc). « Un hook de ris et un emmagasineur d’ORC me permettront également des manœuvres plus rapides » ajoute Francis Joyon. Et puis, c’est presque une obligation dans cette chevauchée solitaire à travers l’Atlantique, un travail très important a été fait sur le système de pilote automatique « avec des capteurs reliés à une boîte noire qui donne les informations sur le bateau » et permet ainsi au pilote d’être plus efficace… Un tel système a largement prouvé son efficacité sur des bateaux comme le maxi trimaran Groupama de Franck Cammas ou le monocoque Safra n de Marc Guillemot. En résumé « on a beaucoup travaillé sur la performance, alors que la fiabilité était le maître-mot logique autour du monde. En deux mots, nous avons adapté le bateau à son programme ».Vingt ans après avoir dû scier les étraves de son multicoque trois jours avant le départ, Francis Joyon ne sera heureusement pas contraint à une telle extrémité l’hiver prochain ! Il en éclate de rire : « la roue tourne ! En 1990, j’avais été pris en otage dans la limitation des bateaux et voilà qu’aujourd’hui les maxis sont de nouveau autorisés… c’est une belle occasion d’en faire l’objectif principal de ma saison 2010 ».
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