Les douze dernières heures ont été ultra rapides sur l’eau pour les hommes de Francis Joyon. Les écrans du bord ont régulièrement affiché la vitesse supersonique de 40 nœuds… et parfois plus !
Ils vont vite. Très vite. Au milieu de l’Atlantique Nord – 1000 milles dans le nord-est de Puerto Rico – les six marins d’IDEC SPORT font parler la poudre. Le but : tenter d’en finir au plus vite avec le contournement par l’ouest du
deuxième grand anticyclone qui leur barre la route depuis le passage du cap Horn. Ces douze dernières heures, la vitesse du grand trimaran rouge est rarement tombée en-dessous de 35 nœuds, s’est élevée pendant de longues minutes au-delà des 40 et a parfois frisé 45 nœuds ! Un terrien a du mal à imaginer ce que ce genre de vitesse représente à la voile. Pour se faire une petite idée, disons que la plupart des semi-rigides à moteur ont du mal à atteindre ce genre de vitesse et qu’il faut des engins surpuissants pour y parvenir. Le tempo d’IDEC SPORT frise les 800 milles par jour en ce moment.
Derniers jours musclés
Le problème, on le sait, est que ce n’est pas de la vitesse efficace vers le but. S’ils continuaient sur le cap actuel, ce serait parfait pour aller faire un tour chez nos cousins du Québec en embouquant l’estuaire du Saint-Laurent. Sur la surface de l’eau, ça fume à haute vitesse donc et il faut une vigilance de chaque instant aux écoutes et à la barre. Mais sur le fond, la progression efficace vers le but (VMG) est trois fois mois élevée, de l’ordre de 10 nœuds. Ils n’ont pas le choix : il n’y a pas de vent quelques milles sur la droite du bateau. Alors que Francis Joyon, Bernard Stamm, Clément Surtel, Alex Pella, Gwénolé Gahinet et Boris Herrmann viennent d’en terminer avec leur 43e jour de mer, on sait depuis quelques jours déjà qu’ils n’ont plus la possibilité de battre le record du Trophée Jules Verne sur cette tentative. Mais leur baroud d’honneur est vraiment très impressionnant. Ces gars-là ne vont rien lâcher. Leur but est d’en terminer au plus vite avec le contournement de l’anticyclone avant d’attraper le train des puissantes dépressions qui balaient en ce moment l’Atlantique Nord d’ouest en est. Cela imposera aussi une grande vigilance quand on voit la violence des tempêtes qui arrivent sur le littoral européen en ce moment. Cette dernière semaine de mer sera musclée. Elle l’est déjà.