A moins de 900 milles de la ligne d’arrivée, à Londres, du record de la Route du Thé, le maxi trimaran IDEC SPORT ne cesse d’augmenter son avance sur le tenant du titre, l’équipage italien du trimaran Maserati de Giovanni Soldini. Francis Joyon, Christophe Houdet, Bertrand Delesne, Antoine Blouet et Corentin Joyon alignent depuis le sud des Açores des moyennes élevées, à près de 27 noeuds en route directe vers l’embouchure de la Manche. L’avance sur le record ne cesse d’enfler heure par heure, pour dépasser désormais les 700 milles.
Les chiffres masquent pourtant des conditions de navigation extrêmement éprouvantes, « ambiance survie » souligne même Francis, dans de forts grains et avec des creux de plus de 6 mètres causés par le passage récent des nombreuses tempêtes qui ont balayé le nord de l’Europe. Un dernier empannage stratégique sera à déclencher en mer d’Irlande et le grand trimaran rouge et blanc abordera la phase finale de son immense voyage débuté voici plus de 30 jours à Hong Kong. La négociation de cet » English Channel » demeure toujours sous haute tension », s’agissant du plus intense des trafics maritimes. Point de relâchement en vue pour l’équipage avant le passage sous le pont Elizabeth II, terme officiel d’une route historique, équivalente à un demi-tour du monde, qu’IDEC SPORT s’apprête à conclure en un temps record.
Un peu en mode survie !
« On doit rester vigilant et concentré jusqu’au bout ». Loin de crier victoire, Francis Joyon exhorte ses 4 hommes d’équipage à redoubler de prudence et de concentration. Les forts vents de secteur Nord Ouest sont tout sauf réguliers, en force comme en direction, et les quarts à la barre relèvent souvent de la haute voltige. « Les grains sont très virulents et surviennent sans crier gare » dit-il. « Les accélérations du vent surviennent si vite que nous sommes parfois un peu surtoilés. Il ne reste alors qu’à tenir fermement la barre, le temps du passage du grain, sous des pluies intenses. Dans ces conditions, et à cause de l’état de la mer, nous marchons 20 à 30% moins vite que le potentiel du bateau. » Avec l’arrivée sur le plateau de Rochebonne, et sa brutale remontée de fonds, ces conditions de mer ne vont pas s’arranger et ce 31ème jours de course s’annonce comme l’un des plus difficile pour l’équipage. « On ne se déplace qu’à 4 pattes sur le pont » poursuit Francis. « Il faut vraiment faire attention à ne pas se blesser lors des déplacements. C’est un peu de la survie par moment. »
Une arrivée envisageable aux premières heures de mercredi
Malgré cette ambiance un peu tendue, l’impatience d’arriver s’est emparée de Francis et de ses hommes. « On reconnait bien nos ciels de Bretagne » décrit Francis. « Derrière les lignes de grains, le ciel s’éclaircit, avec de somptueuses lumières toute en contrastes. Cela nous rappelle que la maison n’est pas loin. On va passer au large pour aller chercher un waypoint en mer d’Irlande d’où nous déclencherons un dernier empannage avant d’entrer en Manche. Le vent sera alors franchement à l’Ouest et il nous faudra tricoter pas mal entre côtes anglaises et françaises pour viser le Pas de Calais. Une arrivée aux premières heures de mercredi prochain est envisageable au bout d’un peu plus de 31 jours de course. Un chrono qui nous satisfait compte tenu de l’incroyable succession de systèmes météos rencontrée. Cette Route du Thé est vraiment magnifique du fait de ces contrastes météorologiques. »