Voile

Cap sur Bonne Espérance, Joyon fait parler la poudre !

Inaltérable et incorrigible Francis ! Le pilote du maxi-trimaran IDEC-SPORT est à 63 ans, toujours aussi assoiffé de records et de performances ! Témoins ces dernières 24 heures durant lesquelles, avec le soutien de son conseiller météo à terre Christian Dumard, il a mille fois ressassé ses fichiers et autres routages météos, confronté minute par minute à la réalité de son environnement maritime. Objectif : parvenir à attraper la queue d’une dépression hier encore inaccessible et qui pourrait, au terme d’une belle cavalcade de plus de 2 300 milles, le voir glisser sous la longitude du cap de Bonne Espérance. Une performance qui pourrait permettre à IDEC SPORT de franchir le célèbre cap avec moins de deux jours d’avance sur son temps référence de 2009. Côté conditions à bord d‘IDEC SPORT, terminée depuis hier l’ambiance tropicale. Bonnet, polaires et cirés sont de sortie…

Deux empannages pour entamer la journée ! Point de doute, Francis Joyon est en forme! Il est surtout plus que jamais habité de cette faim de vitesse et de performance qui est le sel de son existence. « Le Sud, c’est d’abord un endroit où IDEC-SPORT s’ébat comme un pur-sang dans la prairie ! C’est là qu’avec l’équipage du Trophée Jules Verne, nous avons aligné une incroyable série de journées à plus de 800 milles ! » Ce souvenir est à l’évidence toujours vivace à l’esprit de Francis qui a choisi, entre l’évacuation vers l’est d’une première dépression et le développement sous l’Uruguay d’une deuxième chargée de promesses de vents porteurs, de s’accrocher à la première, capable de l’accompagner puissamment durant toute la traversée de cet immense Atlantique Sud qui le sépare de la pointe australe de l’Afrique.

« Je vais encore plonger plus sud » explique-t-il de cette voix placide qui participe à sa légende, « Et je vais m’accrocher sur l’avant de cette dépression qui va partir très vite vers l’Afrique du Sud. La deuxième « dep » nous semblait très correcte, mais la perspective de gagner deux jours à Bonne Espérance m’a incité à me concentrer davantage encore sur mes réglages pour grappiller des millièmes de noeuds depuis hier, afin de profiter de cette belle dépression qui a l’air de m’attendre. Le ciel se couvre, le vent rentre à plus de 20 nœuds ! Ca y est, j’y suis ! »

Ambiance polaire

Terminée depuis hier l’ambiance tropicale à bord d‘IDEC SPORT. Bonnet, polaires et cirés sont de sortie. « J’aime ces latitudes » avoue Francis. « C’est un endroit à la fois effrayant et fascinant. Je m’y sens bien car je sais que c’est là où le bateau s’exprime le mieux, le moment des belles glisses et des belles lumières… » Etonnante aptitude du marin d’IDEC SPORT à passer sans transition d’un état contemplatif, à la suractivité aux quatre coins du trimaran. « Hier était propre à la rêverie. Je me suis plongé dans quelques pages du livre de Jean Marie Gustave Le Clézio qui raconte les aventures vécues par son grand-père lors de son voyage à l’île Rodrigues (ile voisine de l’île Maurice). Depuis ce matin, je me démultiplie à bord pour profiter de la belle opportunité que nous offre le ralentissement de cette première dépression. Bonne Espérance nous attend ! C’est drôle, de tous mes Tours du Monde, je n’ai jamais rien aperçu de l’Afrique du Sud, tant je suis passé loin au large. Cela demeure une longitude symbolique dans mon esprit…»

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