IDEC SPORT, le nouveau maxi-trimaran de Francis Joyon, a été baptisé ce mercredi 14 octobre à La Trinité-sur-mer. Le stand-by pour tenter de battre le record du Trophée Jules Verne commence dans deux semaines. Joyon a profité de l’occasion pour présenter son équipage composé de cinq marins, un routeur à terre, et un remplaçant. Un commando très européen, savant mélange d’expérience et de jeunesse. Présentations.
Après un mois de chantier chez Multiplast à Vannes, IDEC SPORT a été baptisé ce mercredi sur les pontons de son port d’attache : La-Trinité-sur-Mer. C’est le professeur Gérard Saillant, co-fondateur de l’Institut du Cerveau et de la Moelle Epinière (ICM), qui est le parrain de cette nouvelle monture à bord de laquelle Francis Joyon et ses hommes vont partir dans quelques semaines à la conquête de la planète. Un seul objectif : tenter de faire le tour du monde à la voile en moins de 45 jours, ce qui revient à quasiment diviser par deux le chrono imaginé par Jules Verne pour son héros Philéas Fogg…
Une histoire d’hommes…
Qui sont ces hommes à qui Francis Joyon fait confiance ? De grands marins, Français pour moitié, étrangers pour l’autre. Un équipage très international qui allie expérience et jeunesse. « Je n’ai pris que des skippers », dit Francis pour expliquer qu’à bord il faudra savoir tout faire. Tous se verront confier la barre du grand trimaran. « Contrairement aux équipages plus fournis où il y a beaucoup de marins spécialisés dans un domaine, nous partirons avec de super-polyvalents à bord d’IDEC SPORT ». Et pour cause : six à bord c’est très peu. Seul le tout premier vainqueur du Trophée Jules Verne, Bruno Peyron, avait osé partir à cinq, c’était en 1993. Depuis, l’équipage sur ce record est toujours compris entre 10 et 14 marins… Ce sera donc forcément une grande histoire humaine que vont écrire Francis Joyon et ses hommes autour de la planète cet hiver. Voici ces hommes, trois Français, un Suisse, un Espagnol et un Allemand.
Bernard Stamm (SUI) 51 ans
On ne présente plus ce spécialiste des tours du monde, le seul du commando IDEC SPORT a avoir déjà conquis le Trophée Jules Verne (en 2005 à bord du maxi-catamaran Orange 2). Bernard a aussi gagné la bagatelle de trois tours du monde en monocoque : deux fois Around Alone en solitaire et une fois la Barcelona World Race en double. Il a également participé trois fois au Vendée Globe. Ce dur au mal hyper talentueux apporte son énorme expérience forgée depuis plus de 30 ans sur tous les océans du monde. Bernard Stamm : « Les choses ont changé depuis ma participation au Trophée Jules Verne en 2005. Les bateaux sont différents, le record est plus dur à prendre aussi. Mais le principe est toujours le même : tourner le plus vite possible autour de la planète. Je pense que le record est prenable, sinon je ne serais pas là ! »
Gwénolé Gahinet (FRA) 31 ans
Le benjamin de l’équipe est le fils d’une légende de la course au large, hélas disparue : son père Gilles était l’un des rares a avoir battu Eric Tabarly sur une Transat et à avoir gagné deux fois la Solitaire du Figaro. C’est en Figaro aussi que « Gwéno » a fait une entrée très remarquée ces dernières années, décrochant d’excellents résultats, après première une victoire sur la Mini Transat. Ingénieur en architecture navale, cette tête bien faite a beaucoup travaillé chez VPLP, le cabinet qui a dessiné IDEC SPORT. C’est son premier tour du monde. La jeunesse, la connaissance technique et le talent sont dans ses bagages. Gwénolé Gahinet : « J’ai pas mal navigué en trimaran Orma et en Multi 50 mais il me reste beaucoup à apprendre sur ces grands multicoques. J’ai les yeux grands ouverts, j’enregistre tout. Je suis très motivé à l’idée de découvrir les mers du Sud, c’est tout un univers qui donne envie d’être découvert. »
Alex Pella (ESP) 42 ans
Né à Barcelone, ce Catalan dynamique a d’abord été un excellent préparateur technique de grands multicoques – notamment sur The Race –avant de se lancer dans une carrière remarquable via le Mini 6.50 (2e de la Transat), le Class40 (vainqueur de la Route du Rhum) et tout ce qui flotte côté gros bateaux, sur une ou plusieurs coques. Quatrième de la Barcelona World Race en 2011, il a aussi beaucoup navigué en multicoques et connaît les mers du Grand Sud. Il sait tout faire. Alex Pella : « Je n’ai pas hésité une seconde quand Francis m’a contacté pour le Trophée Jules Verne. C’est une belle aventure, surtout dans cette configuration avec un équipage réduit et un bateau rôdé. Ce sera mon deuxième tour du monde et il sera deux fois plus rapide qu’en 60 pieds IMOCA. »
Clément Surtel (FRA) 36 ans
Neveu d’un autre grand marin – Franck-Yves Escoffier – mais surtout passionné de multicoques, Clément a une expérience énorme des grands trimarans en général et d’IDEC SPORT en particulier. Il en était préparateur lorsque celui-ci naviguait aux mains de Franck Cammas. Outre de multiples navigations dans les grands équipages (plusieurs records avec Orange 2 sur l’Atlantique et les 24 heures notamment), Clément a déjà participé à terre à deux Trophée Jules Verne, en 2005 et 2010. Cette fois, il embarque ! Il connait parfaitement le bateau et outre ses qualités de skipper, il sera d’une aide précieuse sur tous les aspects techniques. Clément Surtel : « J’ai passé des années à naviguer sur ces grands multicoques et ça y est, je vais avoir la chance de faire mon premier tour du monde et d’entrer dans le grand bain des mers du Sud ! IDEC SPORT est une belle plateforme fiabilisée qui a été préparée pour boucler le parcours en moins de 45 jours. A bord, nous serons à fond, nous partons pour une grande transatlantique ! »
Boris Herrmann (GER) 34 ans
Deux tours du monde et trois passages du cap Horn : Boris Herrmann connaît le très grand large ! Il vient aussi de forcer le passage du Nord-Est à bord de l’ancien IDEC désormais entre les mains du navigateur chinois Guo Chuan. En 2009, il devenait le premier Allemand à gagner un tour du monde à la voile : la Global Ocean Race. Lui aussi est un touche-à-tout de génie, des tous petits monocoques aux multicoques géants, avec une grande expérience de l’hostilité des mers australes. Il est Allemand mais c’est un « couteau suisse », hyper polyvalent. Boris Herrmann : « Pour mon troisième tour du monde, je suis ravi d’embarquer sur ce bateau avec lequel j’ai déjà navigué cette année. Notre motivation est très claire : nous partons pour battre le record ! Le côté aventure est un plus, la compétition prime. »
Roland Jourdain (FRA) 51 ans (remplaçant)
Les grandes équipes ont toujours un joker de luxe sur le banc des remplaçants. Au cas où… voici « Bilou », qui partira si d’aventure un des cinq hommes d’équipage était empêché in extremis. Comme Francis Joyon et Bernard Stamm, il est de ceux qu’on ne présente plus. Héros du Vendée Globe, du Figaro, de la Route du Rhum et des grands multicoques, son énorme expérience rassure tout le monde. Roland Jourdain : « J’aime être sur l’eau et aller loin : le Trophée Jules Verne est donc un défi qui m’attire. J’ai beaucoup navigué en multi cette année. Je serai bien chaud si Francis a besoin de moi. Et sinon, je supporterai les gars depuis la terre. »
Routeur à terre : Marcel Van Triest (HOLL), 51 ans
Depuis son antre des Baléares, devant ses ordinateurs jour et nuit, Marcel Van Triest sera le guide météo d’IDEC SPORT. Le « Hollandais volant » est un des meilleurs routeurs au monde. C’est aussi un grand marin, qui a déjà fait cinq fois le tour de la planète en course ! Ses petits dessins annotés seront scrutés par Francis Joyon plusieurs fois par jour. Il va tout à la fois tenter de battre son propre record (Banque Populaire en 45 jours et demi, c’était lui) et tenter de battre son confrère et ami Jean-Yves Bernot qui sera le routeur de Spindrift 2, le concurrent d’IDEC SPORT sur ce Trophée Jules Verne. Sa grande connaissance des glaces dans le Sud sera aussi un atout précieux.
Francis Joyon (FRA), 59 ans : le boss
Seul marin au monde à avoir détenu en même temps les quatre plus grands records océaniques en solitaire (Tour du monde, Atlantique, 24 heures, Route de la Découverte), Francis Joyon passe donc en mode équipage pour cette tentative, à bord d’un bateau dont il rêvait depuis longtemps. Après avoir reçu des dizaines de candidatures, il a choisi son équipage sur deux critères principaux : la polyvalence et la motivation. Francis Joyon : « Nous partirons dans un esprit de commando. Les équipiers devront beaucoup s’investir et passeront énormément de temps sur le pont. Ils le savent tous et c’est justement ce qui les attire dans ce défi. »