La nette amélioration signée hier de son temps référence entre Port Louis et le cap de Bonne Espérance (2 jours et 19 heures) n’a en rien incité Francis Joyon à lever le pied ou à altérer le rythme infernal impulsé depuis les côtes d’Amérique du Sud. Car pour le marin, confronté aux âpres réalités du Grand Sud, la problématique n’a guère changé. Cette puissante dépression qu’il chevauche depuis 6 jours maintenant contient toujours le carburant propice à pousser davantage encore le curseur de la performance vers l’île Maurice. Et Francis de trouver, heure après heure, vague après vague, les ressources physiques pour maintenir un impressionnant niveau de concentration et de performance.
Francis Joyon : « Je poursuis le même schéma de progression en bordure Nord de cette dépression » confirme le skipper d’IDEC SPORT. « J’ai pourtant eu cette nuit une grande inquiétude quand le vent est brutalement tombé à 14 noeuds. Le ciel était totalement dégagé et j’ai cru un moment que les hautes pressions m’avaient rattrapé. Ce ne fut qu’une frayeur passagère car le vent est vite rentré de nouveau, un peu moins fort que durant le week-end, à environ 25 noeuds. » De quoi cavaler toujours à 27-28 noeuds et à maintenir cette belle avance de près de 1 300 milles. On se souvient qu’en 2009, la remontée du trimaran IDEC deuxième du nom vers Maurice avait été pour le moins laborieuse. « J’avais dû prolonger très loin dans l’Est mon bord sous l’Afrique du Sud » se remémore Francis. « Cette année, les configurations météos sont nettement meilleures. Je vais encore prolonger cette belle cavalcade sur encore 930 milles, soit encore une journée et demi, avant de tourner à gauche et de remonter dans l’Océan Indien vers Maurice. » A Francis alors les belles lumières dans une atmosphère enfin réchauffée. « Christian (Dumard ndlr), m’a fait réaliser cette nuit de petits empannages pour mieux me caler par rapport au courant des Aiguilles et éviter les méchantes vagues contraires qu’on rencontre dans ces parages. Le vent a tourné au Sud un moment et les températures ont brutalement chuté. Je n’ai plus que 4 mètres de houle et IDEC SPORT glisse à la perfection. »
Francis Joyon, après 16 jours de mer, rayonne de bonheur et de joie de naviguer. Ce sillon impressionnant tracé en travers de l’Atlantique Sud le comble de joie. Une satisfaction si simple en apparence d’avoir parfaitement composé avec les élément qui s’offraient à lui, au prix pourtant d’un engagement qui nous semble, vue de terre, démesuré, mais qui relève pour le marin d’IDEC SPORT, de la simple logique maritime.