Francis, Marin de l’année 2008, c’est une belle récompense. Ta réaction avec quelques heures de recul ?Une belle joie et honnêtement une belle surprise. Je pensais qu’en cette année olympique, les médaillés de Pékin seraient honorés en priorité par la Fédération Française de Voile. Et puis, je ne connaissais ni cette cérémonie, ni ce théâtre. C’était une première pour moi à plus d’un titre, donc.Succéder à d’autres grands marins comme Michel Desjoyeaux, Lionel Lemonchois ou Vincent Riou représente quelque chose de particulier pour toi qui dit souvent ne pas être « du sérail » ?En tous cas, j’en vois beaucoup parmi mes prédécesseurs à ce titre de Marin de l’année qui sont en mer en ce moment, par exemple dans le Vendée Globe. Comme quoi la vocation des marins c’est probablement d’être sur l’eau et de toujours retourner sur la mer où on est plus à l’aise que sous les dorures des salons. Mais c’est une très belle reconnaissance, oui… Quant à ne pas être du sérail c’est vrai que je suis né en Eure-et-Loir, où il y a effectivement assez peu de bateaux, mais si je cherche bien dans mon ascendance, je vais bien trouver quelque part un arrière-grand-père marin breton ou quelque chose comme ça ! (rires).Si tu devais ne garder qu’une seule image de cette incroyable année 2008 pour toi ?(sans hésiter) Une seule image, ce serait la rencontre de mon premier iceberg, pendant le Tour du monde. Le jour se levait, il devait être 4h du matin, et là, un mille dans l’axe du bateau, un énorme glaçon de 150 mètres de long et plusieurs milliers de tonnes… Une île de glace posée là, dans la mer. Pour moi, c’est assurément l’image la plus forte de cette année 2008. Un mélange de fascination et de peur qui te fait encore prendre conscience si besoin était de l’incroyable puissance des forces de la nature. J’ai changé de cap vite fait pour ne pas lui rentrer dedans, car avec nos bateaux dont la coque mesure moins d’un millimètre d’épaisseur, on ne fait pas vraiment le poids en cas de collision… »Les records établis en 2008 par Francis Joyon à bord du maxi-trimaran IDEC- Record du tour du monde absolu en solitaire, en 57 jours 13 heures 34 minutes et 6 secondes- Record des 24 heures en solitaire : 616,07 milles parcourus (amélioré depuis par Thomas Coville)- Record sur la Route de la Découverte en 9 jours, 20 heures, 35 minutes et 3 secondes.
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