IDEC SPORT est un des Ultimes qui a le plus souffert de la zone de vents faibles qui a encalminé la flotte des maxi trimarans, à l’exception du leader Loïck Peyron. La route de la Guadeloupe n’est pas un long fleuve tranquille.
Les 48 dernières heures ont été défavorables à Francis Joyon et son maxi trimaran IDEC SPORT. Comme la plupart des Ultimes, il a du multiplier les manœuvres éreintantes pour s’extirper tant bien que mal d’une zone de vents calmes. Et à ce petit jeu incertain – auquel seul Loïck Peyron a échappé de justesse – certains s’en sont sortis mieux que d’autres. Notamment Lionel Lemonchois et Sébastien Josse, ressortis un peu plus tôt de la « calmasse ». Ce matin, Francis Joyon doit donc faire les comptes : on savait déjà que Banque Populaire et Spindrift s’échappaient aux deux premières places. Reste la lutte, acharnée, pour le podium virtuel. Josse (4e), 60 milles devant, est encore à portée de fusil. Lemonchois (3e) a pris 130 milles d’avance, mais ce n’est pas encore rédhibitoire à 1800 milles de l’arrivée à Pointe-à-Pitre, où Loïck Peyron pourrait pointer l’étrave en vainqueur dès lundi.
Alizé trop faiblard
Tout va donc se jouer ce week-end. «Je ne veux pas être pessimiste, mais il faut être réaliste » explique le pilote d’IDEC SPORT, «Lionel Lemonchois a pris de l’avance et si ce n’est pas tout à fait impossible, ce sera difficile de revenir sur lui. D’autant que de mon côté, j’ai bien du mal à descendre pour chercher le vent dans le Sud. J’essaie dès que je peux, à la moindre ouverture. Mais pour le moment, à chaque fois je me retrouve sur un cap vraiment trop défavorable qui me fait perdre du terrain, donc je repars vers l’ouest. » Francis ajoute : « J’ai passé la nuit à manœuvrer, sous une belle lune… c’était magnifique, mais je dois bien reconnaître que les conditions me sont défavorables : il y a à peine 18 nœuds de vent et mon bateau n’est performant par rapport aux autres qu’à partir de 21 ou 22 nœuds. Il faudrait que je retrouve des vents forts rapidement pour avoir une chance, mais ce n’est pas vraiment ce qui est prévu pour aujourd’hui. »
La vie à bord, elle, s’est légèrement améliorée. D’abord parce que les conditions sont moins difficiles mais aussi parce que Francis a réussi à bricoler le seul ordinateur du bord valide afin qu’il reste allumé quelques minutes de suite. « Il plante encore mais au moins j’arrive à avoir des fichiers des vents et les messages de Jean-Yves (Bernot, le routeur d’IDEC SPORT). De ce côté-là c’est mieux. » Et physiquement ? « ça va, je m’aperçois que mes micro-siestes de quelques secondes sont efficaces. Je suis évidemment en déficit de sommeil, mais ce n’est pas une surprise et je m’y étais préparé. Je passe le plus clair de mon temps à l’extérieur, sous pilote, les écoutes à la main pour régler les voiles et choquer si nécessaire. » L’arrivée à Pointe-à-Pitre ? « Autour de mardi, quelque chose comme ça. » estime Joyon. Wait and see, donc.
Repères :
Au pointage de 10 h ce vendredi 7 nov, Francis Joyon est classé 5e. 780 milles dans l’ouest des Canaries, il navigue par 27°46 Nord et 32°37 Ouest, à 1801 milles de l’arrivée à Pointe à Pitre. Cap : 268°. Vitesse : 20,3 nœuds.