Francis Joyon fait l’impasse sur l’édition 2006 de la Route du Rhum, qui sacre pour la dernière fois un trimaran de 60 pieds, Gitana 11 que Lionel Lemonchois mène à une allure record en grand vainqueur à Pointe-à-Pitre. Francis, nouveau recordman de la traversée de l’Atlantique, a dit adieu de la plus dramatique des manières à son cher et vénérable IDEC premier du nom, qui, à bout de souffle, s’est désintégré sur les rochers de Penmarc’h. Il construit à Lorient en cette année 2006 sa nouvelle monture, un plan Irens de 29 mètres de long, précurseur de la Classe du gigantisme, les multicoques Ultimes. Ceux-ci seront acceptés au départ de l’édition 2010, que Francis et IDEC SPORT abordent en favori, dans l’ombre d’un géant dont on se demande s’il est bien raisonnable de le voir s’aligner en solitaire, le maxi-trimaran Groupama 3 de Franck Cammas, conçu et construit pour l’équipage, tout frais vainqueur du Trophée Jules Verne avec 10 hommes à bord.
« Dès la sortie du Golfe de Gascogne, il nous a collé 100 milles » raconte en souriant Francis Joyon. Groupama 3, devenu depuis 2015 IDEC SPORT, est en 2010 le plus grand multicoque de course au monde. Ses 31 mètres à la flottaison, même assortis d’un mât raccourci à 33,50 mètres, en font une machine redoutable en équipage, détenteur du Trophée Jules Verne, que l’on imagine à l’époque très mal piloté par un seul homme. Equipé de ce fameux vélo couplé aux winches, il a pourtant été fort intelligemment adapté au solitaire, et Franck Cammas va dès les toutes premières heures de course assommer la concurrence, et cavaler seul vers Pointe-à-Pitre qu’il atteindra en 9 jours, 3 heures, 14 minutes et 47 secondes. La largeur, la masse et l’inertie du bateau feront merveille dans la brise, mais c’est surtout la capacité du bateau à descendre dans le vent qui fera dès le départ la différence. « A vent égale, Franck descendait avec un meilleur angle de vent et une trajectoire plus efficace que celle de nos trimarans plus étroits, plus typés à l’époque pour le solitaire » explique Francis.
« Je suis content de cette deuxième place, mon meilleur résultat sur le Rhum » avouera Francis. « J’avais compris rapidement que Franck disposait d’un avion. Ce n’était plus du domaine du nautisme. Dès le premier jour, il nous a collé 100 milles. Mes ambitions de victoire ont été un peu amoindries à la suite de cette envolée. »
Rendez-vous la semaine prochaine pour revenir sur la sixième et dernière participation en date de Francis Joyon à la Route du Rhum en 2014 !