C’est sous le signe du froid qu’IDEC SPORT trace ce dimanche sa route à travers le Pacifique en direction du cap Horn, distant de 1 800 milles. Francis Joyon et son équipage sont parvenus à se faufiler sous un anticyclone qui freine actuellement quelques concurrents du Vendée Globe, positionnés 300 milles plus au nord. Sur le qui-vive, en veille permanente pour esquiver la menace de croiser un iceberg aux portes de 60° Sud, les six hommes du bord ne cèdent rien dans cette navigation extrême. Ils continuent de tracer avec conviction une trajectoire performante qui permet de gagner continuellement sur le tableau de marche du Trophée Jules Verne. Cet après-midi, ils affichent une avance qui se chiffre à près de 1 200 milles à l’approche du cap Horn, qu’ils pourraient doubler dans les 3-4 prochains jours.
Leurs nuits sont plus froides que nos jours. Pour autant, pas un seul, ne donnerait sa place à bord d’IDEC SPORT pour rien au monde. Pas même l’espagnol Alex Pella, qui ne cache pas avoir souffert cette nuit sur le pont glacial où la demi-heure à la barre suffisait à lui congeler le corps et les pieds. « Hier, à part le froid, c’était magique. Sur une mer plate, on avait même l’impression de voler. Là, ça file toujours tout seul, c’est un vrai plaisir », raconte-t-il à l’heure de prendre son premier café en ce dimanche austral.
Toute toile dehors
À ses côtés, Francis Joyon ne dément pas et se félicite de la progression de l’équipage sur ces dernières 24 heures. « On est très content. Là, sous l’anticyclone, on tient encore une vitesse de 25 nœuds, ce qui est vraiment satisfaisant compte-tenu des conditions de petit temps que nous avons. Les gars sont au maximum sur les réglages », raconte-t-il alors que le trimaran rouge et gris, toujours porté par le souffle de la réussite, progresse sans forcer avec ses 680 m2 de toile dehors.
Du mieux au niveau des glaces…
Du côté des glaces, l’horizon se dégage aussi, à mesure que l’équipée sauvage progresse vers la porte de sortie de ces contrées lointaines. « Dans la nuit, on a eu un écho nous indiquant un iceberg par 6 milles dans le travers. On a pu continuer sans devoir l’éviter. Le terrain n’est pas miné jusqu’ au cap Horn. Il y a en fait un polygone de glace au nord de la mer de Ross. On est en train de s’éloigner de cette partie assez envahie par les icebergs. On va vers le mieux à ce niveau là, même si on doit rester hyper vigilant, les yeux en permanence sur le radar et sur l’horizon pour le barreur », poursuit le skipper, qui cherche désormais à attraper une bande de vents portants qui doit l’emmener à la 3ème et dernière marque balisant la circumnavigation antarctique.
50 empannages d’ici le cap Horn ?
D’ici une douzaine d’heures, le vent devrait en effet franchement adonner, indiquant le début d’une longue série d’empannages pour remonter jusqu’au cap Horn. « S‘il veut bien alors se renforcer, nous pourrons tenir les mêmes vitesses, mais nous serons obligés de tricoter en tirant des bords. On va pouvoir revoir nos gammes en matière d’empannages. D’après certains routages, on pourrait avoir à en faire jusqu’à 50 avant d’approcher le Horn. Cela va nous réchauffer », ajoute-t-il en riant. Preuve s’il en est que l’équipée sauvage d’IDEC SPORT, qui carbure à la bonne humeur, n’a pas fini de mettre du cœur à l’ouvrage pour rejoindre au plus vite la pointe sud de la Terre de Feu. Francis Joyon, Alex Pella, Sébastien Audigane, Gwénolé Gahinet, Clément Surtel et Bernard Stamm y sont attendus à partir du milieu de la semaine, avec la ferme intention, si le vent le veut bien, d’accroître encore leur avance d’ici là.