Après un week-end extraordinaire qui les a vus reprendre 850 milles et passer devant le chrono réalisé par Loïck Peyron, le cap Horn se profile pour les six marins d’IDEC SPORT emmenés par Francis Joyon. Même ralentis par un petit centre dépressionnaire, le maxi-trimaran rouge devrait franchir le fameux Cap Horn demain soir, en avance sur le temps de référence du Trophée Jules Verne. L’équipage d’IDEC SPORT aura mis un peu plus de 30 jours pour rallier Ouessant au Horn et conserve toutes ses chances pour la remontée dans l’Atlantique.
Les chiffres témoignent des incroyables gains du week-end. C’est simple : à l’attaque à fond sur la route directe (moyennes à 32 nœuds, pointes à 40 noeuds), IDEC SPORT a échangé 600 milles de retard sur le chrono à battre contre 250 milles d’avance. Le tout en seulement 48 heures, entre samedi matin et aujourd’hui lundi. « C’est très, très sympa d’être de nouveau en avance sur le record» confirme Francis Joyon cet après-midi. A 16h, le grand trimaran rouge et gris n’était plus qu’à 600 milles de la longitude 67°16 ouest, marque officielle de passage du mythique cap Horn.
Toutefois, le retour en Atlantique via le « Cap Dur » va se mériter. La faute à un petit centre dépressionnaire et ses vents faibles, tout proche dans le sud des hommes de Francis Joyon. Celui-ci explique : « ça va être un petit peu délicat. C’est pour cela que nous avons empanné et fait un bord de quelques heures vers le nord ». En clair, IDEC SPORT joue la sécurité et tente de rester dans le flux de vent existant dans son nord. L’idée est d’éviter de se faire encalminer dans les calmes du centre de la dépression, en tous cas se faire ralentir le moins possible. Une douzaine d’heures en plus ou en moins serait en jeu, selon que les marins d’IDEC SPORT auront plus ou moins de réussite dans la négociation de ce système.
Quelques heures d’avance au « caillou » ?
La question de l’heure de passage au cap Horn est donc très délicate. Ce sera probablement demain mardi, « peut-être vers 18hTU, mais tout dépendra de cette zone de calmes, si on y est freinés longtemps ou pas » prévient Francis Joyon. Un passage au Horn autour de 19h heure française donnerait un temps de course d’environ 30 jours et 16 heures. Or le Banque Populaire V de Loïck Peyron avait mis 30 jours, 22 heures et 18 minutes à effectuer le même parcours depuis Ouessant. Ce bonus prévisionnel estimé à plus ou moins 6 heures est à prendre avec des pincettes, puisqu’il dépendra donc de l’intensité et de la longueur du coup de frein. On peut éventuellement noter que pour faire mieux que le tenant du titre, IDEC SPORT doit passer au cap Horn avant 1h42 heure française dans la nuit de mardi à mercredi.
C’est jouable évidemment, mais ce n’est pas le plus important pour les marins d’IDEC SPORT. Ce qui compte vraiment en revanche c’est d’être dans le match et d’avoir réussi – après 29 jours et demi de mer – à préserver toutes ses chances avant la remontée des deux océans Atlantique, Sud et Nord. C’est ce que veut dire Francis Joyon quand il déclare aujourd’hui : « Il n’y aura pas un décalage important au Horn. Que ce soit un peu d’avance ou un peu de retard, ça devrait s’équilibrer par rapport au temps de Loïck (Peyron) et son équipage. Nous, on est très contents d’être dans le coup pour ce passage de grand cap !»
Vers un passage proche des côtes
Leur week-end de folie a forcément encore gonflé le moral – déjà au top – des hommes d’IDEC SPORT. Gwénolé Gahinet : « c’est super d’être repassés devant le chrono à battre, c’est génial ! Hier on a fait une super journée. Tout le plan de voilure du bateau y est passé. La mer n’était pas facile à gérer, c’était assez violent, il y avait de gros chocs après les accélérations sur les vagues et nous devons penser aussi à préserver le matériel. La mer est un peu plus calme depuis quelques heures et l’objectif est clair : il faut faire de la vitesse. Ce passage vers le Horn est un petit peu compliqué, mais ce n’est pas très grave.»
D’autant qu’avec un peu de chance, le benjamin de l’équipage verra pour la première fois de ses propres yeux le mythique caillou noir. « A priori, nous allons passer très près des terres» prévient Francis Joyon, « peut-être carrément longer les Andes, au large des canaux de Patagonie. On aura sûrement de belles photos à vous montrer ! »