C’est le dimanche 22 novembre dernier que Francis Joyon et son commando de 5 hommes seulement d’équipage s’élançaient d’Ouessant dans une tentative contre le record du tour du monde de vitesse à la voile, le Trophée Jules Verne. Après une descente record jusqu’à l’Equateur, le Maxi trimaran Idec Sport s’est vu, conformément aux prévisions de départ, confronté à un hémisphère sud rien moins que coopératif. Aux zones d’instabilités ont succédé des phases de transition pas assez rapides pour prétendre tutoyer les temps de passage records à Bonne Espérance. Joyon, Gahinet, Stamm, Pella, Herrmann et Surtel s’adaptent, et à défaut de vitesses stratosphériques en avant des dépressions, plongent au sud, traçant une route plus courte pour rejoindre les prochains grands caps de ce tour du monde, Leewin au sud ouest de l’Australie, et bien sûr Horn à la pointe australe de l’Amérique latine. La situation quelque peu inconfortable d’Idec Sport ne varie guère depuis maintenant 48 heures, coincé entre deux dépressions dont l’une , dans son ouest, lambine et ne parvient pas à les rattraper avec son « carburant » de vent fort. Dans la brume et sur une eau à 3 degrés, Le maxi trimaran navigue au coeur des zones de glaces, icebergs et growlers que l’équipage guette avec la plus grande acuité, observant une veille radar permanente, tout en disséquant les toutes dernières photos satellites de la zone obtenue depuis la terre par le routeur Marcel van Triest. « Nous avons grillé un joker », admet volontiers Francis Joyon, interrogé sur le delta de près de 750 milles qui le sépare désormais de la position du « Defender » Banque Populaire V, toujours très rapide, 33 noeuds, au même endroit quatre ans plus tôt. Loick Peyron naviguait alors à proximité des îles françaises de Crozet, tandis qu’Idec sport n’a pas encore paré les îles du Prince Edward.
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