Pour sa septième participation, l’écurie IDEC SPORT franchit la ligne d’arrivée pour la sixième fois. Sixième, comme cette position finale lors du drapeau à damier qui laisse un goût de regrets. Patrice Lafargue et toute son équipe ne retiendront que le positif. Récit d’une course magnifique et cruelle pour le centenaire des 24H du Mans.
IDEC SPORT et le Mans, c’est une histoire d’amour qui a commencé en 2017, avec une Ligier. En 2023, l’équipe s’engage dans la Sarthe pour la septième fois consécutive, toujours en catégorie LMP2 mais sur une Oreca (pour la sixième fois). Pour le centenaire des 24H du Mans, la #48 IDEC SPORT arbore les couleurs du constructeur français Delage. Paul Lafargue, Paul-Loup Chatin et Laurents Hörr se partageant le baquet pour défier le mythique circuit de 13,6km.
Les 24H du Mans pourraient s’appeler la Semaine du Mans puisque si l’épreuve dure bien 24 heures, l’évènement est beaucoup plus long et demande un véritablement engagement physique et mental des concurrents. L’écurie IDEC SPORT a investi le paddock dès le lundi 29 mai afin de s’y installer. Les stands du Mans sont spéciaux et nécessitent plusieurs jours de montage pour prendre vie et pour faire cohabiter les 62 voitures.
Les premiers roulages du centenaire des 24H du Mans se déroulent le dimanche de la semaine précédent la compétition officielle, lors de la journée Test. Si le lundi est calme, le planning des équipes et des pilotes est chargé dès le mardi (6 juin) avec une journée consacrée aux obligations médiatiques et aux fans. Briefing, photo officielle des 186 pilotes, séance de dédicaces dans les stands, track walk, concours de pit-stop devant le public, photo officielle des 62 voitures, etc. IDEC SPORT a également décidé de faire sa photo d’équipe à la chicane Dunlop ce même jour.
Les hostilités en piste débutent le mercredi avec les essais libres, mais également la séance de qualification, qui permet ensuite aux huit plus rapides de chaque catégorie (Hypercar, LMP2, GTE) de prétendre à l’Hyperpole, phase finale des qualifications qui permet de rouler une demi-heure avec un traffic réduit, et donc de pouvoir tout donner en piste pour réussir le meilleur chrono possible. Lors des qualifications, IDEC SPORT prend la quatrième place et accède ainsi à l’Hyperpole pour la première fois depuis la création de ce format il y a 3 ans. Les roulages du mardi se terminent à minuit.
Le lendemain, les séances d’essais de jour de nuit encadrent l’Hyperpole, qui débute à 20h. Le feu passe au vert en bout de pitlane et libère les voitures, dont l’Oreca #48 pilotée par Paul-Loup Chatin. La séance ne durant que 30 minutes, il est le seul pilote qui sera au volant de la LMP2 IDEC SPORT. D’entrée de jeu, Paul-Loup fait parler la poudre et se place en haut du classement. L’eurélien commence à faire vibrer son équipe en améliorant la marque lors des passages suivants. PLC se montre impressionnant de maîtrise. À 5 min du terme de la séance, un drapeau rouge vient interrompre l’Hyperpole. La liesse commence à monter, mais Patrice Lafargue, président du Groupe IDEC et patron d’IDEC SPORT, garde la tête froide. Tant qu’il reste du temps, rien n’est fait. En tant que passionné de sport automobile et pilote, il ne le sait que trop bien.
Après l’évacuation d’une voiture en piste, la compétition reprend ses droits. L’Oreca IDEC SPORT reste aux stands. En Hyperpole, il est interdit de remettre de l’essence, et il ne faut pas trop jouer avec les limites du réservoir. Les dernières minutes sont longues, très longues. Tout le team est en apnée. La Jota #28 se montre extrêmement rapide et pourrait passer devant. Plusieurs concurrents passent la ligne d’arrivée, mais la #48 garde le meilleur temps. Paul-Loup reste assis dans son baquet, la porte ouverte, impassible. La #28 se classe à seulement 0.112 seconde. IDEC SPORT décroche la pole position LMP2 pour le centenaire des 24H du Mans grâce à un tour stratosphérique bouclé en 3’32’’923 ! Explosion de joie dans le stand de l’écurie française. Les mécaniciens, les pilotes, Patrice Lafargue, peuvent célébrer, sauter, chanter, se prendre dans les bras… Les mécaniciens du stand voisin, Corvette Racing, envahissent le stand IDEC SPORT et se joignent à la fête. Ils viennent de signer la pole en catégorie GTE. IDEC SPORT a réussi une performance « à la IDEC » : concurrencer les plus grandes écuries lorsque que personne ne l’attend. Il s’agit de la deuxième pole position d’IDEC SPORT aux 24H du Mans après celle de 2018.
Magnifique image que de voir la LMP2 IDEC SPORT remonter la ligne droite des stands en compagnie de l’Hypercar Ferrari 499P #50 et la Corvette GTE #33. La #48 a le droit aux honneurs des milliers de spectateurs présents dans les tribunes pour voir la cérémonie de l’Hyperpole. Paul-Loup et Nicolas Minassian reçoivent le trophée de la pole position de la part de Monsieur le Mans, Tom Kristensen, 9 fois vainqueur des 24H du Mans.
Pas le temps de célébrer cette performance très longtemps puisqu’il fallait préparer la voiture pour les essais libres 4, disputés de nuit de 22h à 23h. Et puis, il ne faut pas oublier que le plus dur reste à faire, tenir 24 heures de course.
Le vendredi, 9 juin, les moteurs restent silencieux, contrairement au centre de ville du Mans. 150 000 personnes se sont massées le long du parcours de la parade des pilotes. À l’arrière du pick-up Mercury, les pilotes IDEC SPORT profitent de l’incroyable ambiance, haranguent la foule, lancent des casquettes, des polos et des cartes dédicacées. Ils n’en perdent pas une miette.
De retour au circuit, ils participent à la célébration du centenaire, en compagnie des autres pilotes, des commissaires de piste, des officiels. Cette grande assemblée est survolée par des hélicoptères de l’armée, la patrouille de France (à plusieurs reprises), ou bien les Mirages.
Samedi 10 juin, c’est enfin le jour tant attendu par toute l’équipe, le jour du départ. En fin de matinée, la voiture rentre en piste pour le warm-up. L’erreur n’est plus permise lors de ces 15 minutes de roulage. Le timing serait trop serré pour réparer avant le départ.
Un peu avant 14h, les voitures quittent la pit-lane pour venir se ranger en épi. La #48IDEC SPORT vient se placer en tête de la meute des LMP2, au contact des Hypercar. La foule envahit la piste. Dix-mille personnes sont présentes au grid walk pour voir les pilotes et les voiture une dernière fois avant le début de la course, dont un certain Charles Leclerc. La foule est évacuée, le trophée du centenaire arrive à l’arrière d’une voiture ancienne conduite par Tom Kristensen, le drapeau tricolore est amené par deux militaires descendus en rappel depuis un hélicoptère. Il est ensuite remis à la star de la NBA Lebron James, starter officiel des 24H du Mans 2023, qui prononce les mots magiques : « pilotes démarrez vos moteurs » en français.
Les pilotes montent à bord de leurs bolides et se lancent pour le tour de formation. Dans les derniers virages, ils forment deux colonnes et roulent côte-à côte. La safety car s’efface. Il est 16h, c’est parti pour 24 heures de course. Paul-Loup Chatin prend un très bon départ et reste en tête des LMP2. Les premiers incidents arrivent vite et la safety car revient en piste. Après la reprise, la #48 chute au classement suite à une intervention sur la boite de vitesse. IDEC SPORT évolue entre la huitième et la dixième position à la faveur des arrêts au stand. Mais les pilotes font un travail formidable en piste. Lors de son relais, Paul Lafargue subit une grosse averse localisée dans les virages Porsche. Le français a de l’expérience et ne commet pas d’erreur. Il ramène la voiture au stand sans problème pour laisser le volant à Laurents Hörr.
La performance des pilotes associée à la stratégie des ingénieurs et au sans faute des mécaniciens lors des pit-stops permet de remonter des places au fur et à mesure jusqu’à revenir dans le top 5. La bataille pour la troisième place est engagée avec Panis Racing et Duqueine Engineering. IDEC SPORT prend le meilleur sur les deux autres formations, malgré un manque de fair-play d’un pilote Duqueine, qui n’a pas hésité à zigzaguer à plusieurs reprises pour bloquer Paul-Loup Chatin. Raté. Le français le passe et creuse l’écart. Les ingénieurs IDEC SPORT sont confiants et ne regardent plus les concurrents derrière. Ils peuvent gérer les arrêts au stand comme ils le souhaitent.
À un peu moins de deux heures du drapeau à damier, Paul Lafargue cède la place à Laurents Hörr. À peine reparti en piste, le pilote allemand est victime d’une crevaison à l’arrière gauche. L’équipe se prépare à recevoir la voiture à nouveau. L’Oreca floquée aux couleurs Delage apparait sur les écrans, au ralenti.
C’est un coup de massue pour IDEC SPORT, qui ressort 6ème et loin de la lutte pour le podium une fois le pneu changé. Mais la course n’est pas terminée. Il faut se re-mobiliser et assurer jusqu’au bout.
Le classement n’évoluera plus. IDEC SPORT passe la ligne d’arrivée à la sixième place et vient à bout des 24H du Mans pour la 6ème fois.
Malgré la déception, Nicolas Minassian, team principal, se montre très satisfait du travail de toute l’équipe : « On a prévu tout ce qu’on pouvait prévoir, coordonné tout ce qu’on pouvait. C’est de la mécanique, on n’y peut rien. IDEC SPORT est une équipe de haut niveau.
Patrice Lafargue, patron d’IDEC SPORT, partage ce sentiment et rajoute : « En ratant ce podium, on peut voir l’attachement qu’ils ont tous pour l’écurie sur leur visage et c’est ma satisfaction de ce week-end, d’avoir construit avec Nico « ce club » de gens biens. »